La rééducation, un défi physique et mental
Après un accident ou une maladie grave, le parcours de rééducation ne se résume pas à une récupération physique. Outre la fatigue, la douleur et la perte d’autonomie, les patients accueillis en soins médicaux et de réadaptation (SMR) doivent aussi composer avec des fragilités psychologiques. Leur motivation, mais aussi le rôle de leurs proches et des soignants, sont des leviers essentiels pour surmonter les obstacles et retrouver de l’élan.
Des histoires de vie
Les cliniques de soins médicaux et de réadaptation (SMR) accueillent, pendant un à deux mois, des patients touchés par des affections diverses, parfois sévères : suites de cancers, pathologies chroniques, accidents, traumatismes, troubles cognitifs liés à l’âge… Dans ces contextes, la rééducation peut être longue, éprouvante, vécue comme une rupture brutale avec le quotidien. « Beaucoup de personnes arrivent affaiblies, avec une histoire de vie déjà marquée par des fragilités ou des traumatismes, et pour certaines isolées socialement. Une majorité a besoin d’un soutien psychologique, » constate Gabriel Oksenberg, psychologue clinicien dans le département de psychologie au siège de emeis, après huit années d’accompagnement des patients en clinique SMR.

Réparer le corps, fortifier l'esprit
L’implication du patient dans sa rééducation est souvent citée comme un facteur clé de réussite. Mais peut-on réellement attendre qu’une personne fragilisée soit motivée dès le départ ? « La motivation ne se décrète pas, elle se construit au fil du temps, » explique Gabriel Oksenberg. « Certains patients arrivent en état de sidération, et n’arrivent plus à penser. D'autres, très motivés au départ, réalisent que les progrès sont plus lents que prévu. Parfois les proches d’un patient très dépendant se montrent très agacés ou inquiets d’un manque de motivation de cette personne. Il faut savoir accueillir tous les états émotionnels, sans les banaliser. »
Le psychologue insiste sur la nécessité de respecter les défenses psychiques du patient, ses doutes et ses moments de faiblesse. « L’essentiel, c’est de prendre le temps d’écouter, de rassurer, de valider ses ressentis, même s’ils nous semblent disproportionnés. »

Une journée avec Thomas, kinésithérapeute à la clinique d'Asnières
Le Youtubeur Ludovic B est parti à la rencontre de Thomas, masseur kinésithérapeute au Centre de Rééducation Fonctionnelle Paris Nord à Asnières. Il a passé une journée à ses côté et pu découvrir la pluralité de ses interventions, des pathologies de ses patients et ce qui l'anime au quotidien. C'est parti !
L'accompagnement personnalisé pour chaque parcours
Au cours du séjour, le repérage des signaux d’alerte permet de proposer une prise en charge adaptée. Les changements de comportements brutaux, les troubles du sommeil, de l’appétit, l’irritabilité, les ruminations ou encore la culpabilité excessive sont autant d’indicateurs d’une souffrance psychique.
Les outils de l’accompagnement psychologique varient selon les situations : entretiens individuels, groupes de parole entre patients, groupes de médiation (utilisant par exemple l’écriture thérapeutique). « L’effet de groupe est souvent bénéfique pour l’estime de soi. Parler de son parcours, se sentir compris, soutenu par ses pairs, peut être un véritable levier, » souligne Gabriel Oksenberg. Certains psychologues utilisent aussi des approches spécifiques comme l’EMDR (mouvements oculaires pour aider le cerveau à retraiter des souvenirs traumatiques) ou l’hypnose.

L’importance du soutien des proches
Lorsque les proches sont présents, leur rôle est souvent déterminant dans le parcours de rééducation. « Ils offrent un soutien émotionnel précieux et une continuité affective. À l'inverse, les patients isolés disposent de moins de ressources pour faire face à l'épreuve, » explique Gabriel Oksenberg.
Reste à trouver leur juste place. « Certaines personnes arrivent à soutenir leur proche en étant présentes. À l’inverse, d’autres interfèrent dans le processus thérapeutique, projettent leurs attentes sans percevoir l’état réel du patient. » D’où l’importance, pour les équipes, de rencontrer les familles, de créer un dialogue et de les accompagner.
Dans les décisions délicates, telles que l'orientation vers une maison de retraite ou les soins de fin de vie, cette collaboration devient indispensable.

Une approche collective et coordonnée
La dimension psychique est indissociable des soins physiques. « Chaque professionnel, qu’il soit à l’aise ou non avec la psychologie, a son regard. Les réunions pluridisciplinaires hebdomadaires permettent de mettre en commun nos observations sur le patient, de croiser nos approches, d’adapter notre parole. »
Un patient agressif lors de la toilette, un autre qui refuse de s’alimenter : derrière ces comportements se cachent parfois des souvenirs douloureux ou une détresse morale. « Le rôle du psychologue, c’est de donner du sens, d’accompagner aussi les collègues dans cette lecture psychique, voire d’accueillir leur angoisse, » explique Gabriel Oksenberg.

Redonner confiance, pas à pas
Enfin, que dire à un patient qui commence sa rééducation et doute de ses capacités à récupérer ? « Le message que nous lui transmettons est simple : il arrive dans un espace sécurisant où il sera écouté et compris. Après avoir traversé des épreuves difficiles avec sa maladie ou son accident, il est normal qu’il doute. Nous allons prendre le temps de l’écouter, nous allons nous adapter à lui. Nous allons travailler sur ses doutes, sur son estime de soi. Il a le droit de douter, mais nous on ne doute pas. »

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