Alzheimer : et si la clé résidait dans la prévention ?
Alors que les traitements médicamenteux peinent à tenir leurs promesses, une certitude émerge : la maladie d'Alzheimer se combat d'abord par la prévention et les interventions non médicamenteuses.
Le Professeur Pierre Krolak-Salmon, directeur médical de emeis, prône l’efficacité et les bienfaits d’une hygiène de vie adaptée et d’un accompagnement global des patients et de leurs proches.
Le lecanemab : des solutions médicamenteuses partielles et jugées insuffisantes
La Haute Autorité de Santé française n’a pas recommandé le traitement par lecanemab, un anticorps visant la protéine amyloïde très impliquée dans la maladie d’Alzheimer, estimant son efficacité clinique insuffisante au regard de son coût annuel potentiel. De plus, parmi les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, certaines présentent aussi des lésions vasculaires ou à corps de Lewy, non ciblées par cet anticorps. « Ce traitement pourrait un jour concerner des patients jeunes, aux stades très précoces et avec des lésions purement amyloïdes, » nuance le Professeur Pierre Krolak-Salmon. Le constat est clair : en l'absence de traitement curatif, la priorité est ailleurs.

Alzheimer : vers un diagnostic de plus en plus précoce ?
Aujourd’hui, le diagnostic de la maladie d’Alzheimer peut être proposé dès les premiers symptômes, même très légers. Grâce notamment à des tests de mémoire subtils, les médecins généralistes peuvent repérer les premiers signes chez des patients inquiets de leurs oublis. En cas de doute, si les troubles semblent anormaux, le patient est orienté par son médecin généraliste ou un autre professionnel de santé, vers un neurologue ou gériatre pour réaliser une consultation mémoire pour des examens approfondis (bilan biologique et imagerie cérébrale). À l’avenir, des marqueurs sanguins pourraient même permettre de détecter les premières lésions, comme c’est déjà le cas pour d’autres maladies. « Mais attention : un dépistage systématique n’a de sens que s’il s’accompagne d’un traitement efficace, » tempère-t-il.

L’hygiène de vie, un puissant bouclier contre ce type de maladie
En parallèle d’une recherche dynamique sur des médicaments prometteurs, le Professeur Krolak-Salmon plaide pour une prévention au quotidien, fondée sur trois piliers indissociables :
- L’activité physique, dont les bienfaits sont prouvés : réduire de 30 % le risque de déclin cognitif, c’est possible en bougeant régulièrement, un peu tous les jours,
- Le lien social, stimulant naturel du cerveau : discussions, rires ou interactions quotidiennes préservent les fonctions cognitives et le moral,
- Une alimentation équilibrée, diversifiée, de préférence « bio » et locale, enrichie en vitamine D pour combler les carences fréquentes après 50 ans.
« Ces leviers n’agissent pas seulement sur les plaques amyloïdes, mais sur tous les mécanismes de la neurodégénérescence, voire d’autres types de maladies comme les pathologies cardio-vasculaires et les cancers. Leur force ? Des bénéfices durables, sans risque, et valables même après un diagnostic, » rappelle-t-il.
Les thérapies non médicamenteuses jouent aussi un rôle clé : la musicothérapie pour apaiser l’agitation, la médiation animale pour lutter contre l’isolement, ou même des séances en pleine nature pour stimuler les sens et les fonctions cognitives. « Ces approches réduisent les troubles du comportement - agressivité, hallucinations - souvent mieux que les médicaments. »

Vivre avec la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée : le rôle crucial des aidants
Le message du Professeur Krolak-Salmon est sans équivoque : « Le diagnostic n’est pas un couperet. J’ai suivi de nombreux patients qui, malgré des troubles avancés, ont conservé une excellente qualité de vie pendant des années, raconte-t-il. Une femme, incapable de parler ou de reconnaître les visages de ses proches, souriait encore, sortait et assistait à mes conférences, accompagnée de son mari. » Son conseil ? « Ne pas s’isoler, consulter, et continuer à vivre le plus normalement possible. Grâce à un entourage aimant et un accompagnement adapté, on peut avoir une belle qualité de vie malgré la maladie. »
Toutefois, maintenir une qualité de vie repose aussi sur un équilibre fragile, celui des proches, souvent oubliés du système de soin. Ces derniers paient pourtant un lourd tribut : « Ils présentent un sur-risque de dépression, de maladies cardiovasculaires, voire de cancer, » alerte le spécialiste. Pour les soutenir, emeis et France Alzheimer proposent différentes solutions :
- Des groupes de parole pour briser l’isolement et partager des solutions pratiques.
- Des formations sur la gestion des troubles du comportement : « Comprendre par exemple que l’agressivité ou l’apathie sont des symptômes, pas des caprices, change tout ».
- Des séjours de répit : « Un week-end en établissement emeis pour le malade, c’est 48 heures de respiration pour l’aidant. »

Et si l’on pouvait vieillir autrement grâce à tous ?
En 2025, la priorité n’est plus de guérir, mais de repousser l’échéance des symptômes invalidants : ceux qui transforment la vieillesse en dépendance. « À 85 ans par exemple, gagner cinq années sans symptômes, c’est immense : cela signifie peut-être mourir de sa « belle mort », sans avoir connu un trop fort déclin cognitif ou un lourd handicap.» souligne le Pr Krolak-Salmon.
Chez emeis, des séjours en clinique ou maison de retraite sont proposés aux patients pour les aider à vivre mieux, plus longtemps. Au programme, tout ce qui peut aider à repousser des stades sévères de la maladie : des interactions sociales, des animations, des ateliers mémoire (jeux cognitifs, stimulation sensorielle) et des bilans personnalisés pour leur permettre d’adopter les bons réflexes en matière de nutrition et d’activités physiques.

Agissez dès aujourd’hui :
- Vous avez des troubles de mémoire ? Consultez votre médecin traitant.
- Vous êtes aidant ? Contactez France Alzheimer pour bénéficier d’un accompagnement gratuit.
- Intéressé par la prévention ? Renseignez-vous sur le programme ICOPE développé par l’OMS (auquel emeis participe) pour réaliser votre auto-évaluation à domicile avec des outils numériques.