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“La nature est dans notre nature”

Le 22 mai, le monde célèbre la biodiversité. Pour parler de sa place dans la prise en soin chez emeis, nous sommes allés interroger Muriel Barnéoud, Directrice Qualité et RSE du groupe. Elle nous parle de ce qu’on sait de l’importance de la nature dans le parcours de soin, du rôle qu’elle joue auprès de ceux qu’on accompagne et leurs proches, mais aussi, évidemment, dans la préservation de l’environnement.

On n’attendrait pas forcément emeis, acteur du soin, sur le sujet de la biodiversité. Et pourtant, elle est au cœur de notre approche. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Muriel Barnéoud : C’est vrai, on ne s’attend pas forcément à ce qu’un groupe de soins comme emeis prenne position sur la biodiversité. Et pourtant… la nature, est bien ancrée dans notre nature !

Car oui, la nature soigne elle aussi. Elle participe pleinement à la santé – physique, mentale, sociale. Elle nous relie à ce qui est essentiel, à ce qui respire, évolue, se transforme.

Nos établissements sont avant tout des lieux de vie. On y soigne, on y accompagne, on y travaille, on y « fait société » tous ensemble, avec nos forces et nos fragilités. Et dans chacun de ces rôles, la présence du vivant autour de nous fait toute la différence.

Quand on parle de biodiversité, on pense souvent à quelque chose de lointain, aux grandes forêts, aux espèces rares. Mais elle est d’abord là, au quotidien, dans nos parcs, nos jardins, nos terrasses fleuries. Par exemple, en France 93 % de nos établissements disposent d’un jardin, d’un parc ou d’un espace extérieur végétalisé, et 100% de nos établissements bénéficient de terrasses ou d’espaces extérieurs aménagés. Aux Pays-Bas, comme en Autriche ou en Irlande, tous nos EHPADs arborent des espaces végétalisés et, en général, au moins deux tiers des établissements sont dotés d’espaces verts. Ce ne sont pas de simples décors. Ce sont des lieux d’apaisement, de ressourcement, de lien – pour les résidents, les patients, les familles… mais aussi pour les professionnels qui y travaillent chaque jour.

Favoriser la biodiversité, c’est de façon très concrète prendre soin de l’humain et du territoire. On plante local, on entretient le vivant en ayant recours à des entreprises de proximité qui facilitent la réinsertion professionnelle, on crée des espaces qui font du bien. C’est notre manière d’avoir un impact positif – sur la planète, mais aussi sur la qualité de vie et de travail dans nos établissements.

Parce qu’au fond, prendre soin, c’est aussi ça : s’ancrer dans un environnement vivant, et veiller à ce qu’il le reste.

 

Pour la planète, c’est indéniable. Vous avez renommé la biodiversité sous le concept de « Nature et santé », c’est aussi un enjeu dans la prise en charge médicale ?

M. B. : Oui, pour la planète, c’est évident. Mais pour nous, ce lien entre nature et santé va bien au-delà de l’environnement. C’est un vrai sujet de soin. C’est d’ailleurs pour cela que l’on parle désormais de “Nature et santé” : parce que l’on est convaincus que l’un ne va pas sans l’autre.

La nature permet de se reconnecter au vivant. Et ça, c’est essentiel, à tout âge, tout au long de la vie. On le voit chaque jour dans nos établissements : ces expériences sensorielles, olfactives aussi simples soient-elles, contribuent à restaurer un sentiment de bien-être, de sécurité et d’ancrage, si précieux dans un parcours de soin.

Et les études le confirment. Par exemple, une méta-analyse publiée dans Environmental Research[1] a montré qu’un contact régulier avec la nature permet de réduire de 21 % le risque de dépression. Une autre étude du Journal of Environmental Psychology[2] indique que seulement 20 minutes passées dans un environnement naturel suffisent à diminuer significativement le taux de cortisol, l’hormone du stress. Plus récemment, dans sa revue La Santé en action, Santé publique France consacre un dossier[3] complet aux liens entre biodiversité et santé humaine. Ce dossier souligne que « faire de la protection de la biodiversité un enjeu de santé publique, au même titre qu’un enjeu environnemental, est un impératif ».

Ces bénéfices sont réels : réduction de l’anxiété, amélioration du sommeil, stimulation des capacités cognitives, diminution de l’usage de certains traitements. C’est une approche de soin complémentaire, naturelle, non médicamenteuse, qui vient renforcer le travail des équipes médicales, paramédicales et soignantes. Naturellement, ces environnements apaisants profitent aussi aux professionnels : exercer dans un cadre vivant, plus serein, favorise des échanges de qualité, une relation au soin plus humaine. La nature fait du bien à tout le monde, pas seulement aux patients ou aux résidents. Les proches et familles nous le disent : les visites sont plus longues, plus douces, quand elles se font dans un jardin, sur un banc, à l’ombre d’un arbre. Les enfants et petits-enfants y viennent volontiers. On parle d’autre chose, on respire un peu plus. C’est ça aussi, la santé.

Concrètement, comment cette approche se déploie-t-elle chez emeis ?

M.B : Cela commence par la sensibilisation de l’ensemble de nos équipes médicales, soignantes de Direction mais aussi d’animation. Nous encourageons les pratiques intégratives qui s’appuient sur les bienfaits de la nature : contact avec les animaux, promenades thérapeutiques, ateliers en extérieur, jardins sensoriels… Ces leviers non médicamenteux peuvent apaiser, stimuler, soulager – et parfois retarder ou éviter une prescription. En les mobilisant, on agit concrètement pour prévenir la polymédication, tout en promouvant la « juste prescription » : prendre soin sans surconsommer, pour limiter les déchets médicamenteux et préserver les ressources.

Nous encourageons nos équipes à aller plus loin en intégrant la biodiversité dans les projets médicaux et de vie de nos établissements. Pas comme une touche décorative ou supplémentaire, mais comme une composante de la qualité de vie, du soin global, de l’animation et du rétablissement. 

Enfin, nous nous inscrivons dans une logique OneHealth : la santé humaine est étroitement liée à celle de la nature et du vivant dans son ensemble. C’est cette vision systémique que nous portons chez emeis : prendre soin d’une personne, c’est aussi prendre soin de l’environnement dans lequel elle vit.

Muriel Barnéoud

“C’est un vrai sujet de soin. C’est d’ailleurs pour cela que l’on parle désormais de ‘Nature et santé’ : parce que l’on est convaincus que l’un ne va pas sans l’autre. La nature permet de se reconnecter au vivant. Et ça, c’est essentiel, à tout âge, tout au long de la vie.”

Muriel Barnéoud, Directrice Qualité et RSE du groupe emeis

Comment mesurez-vous les avancées en la matière ?

M.B. : Chez emeis, les initiatives en faveur de la biodiversité ne sont pas nouvelles. Nos équipes ont toujours été sensibles aux bienfaits de la nature, et ont intégré ces pratiques dans leur quotidien, souvent de manière spontanée et naturelle. D'ailleurs, en France, plus de 60 % de nos établissements ont déjà mis en place des actions concrètes en faveur de la biodiversité. C’est aussi le cas dans les autres pays où la médiation animale comme les jardins à portée thérapeutique sont monnaie courante. Ces actions montrent à quel point nos équipes sont déjà engagées, souvent bien avant la formalisation de notre démarche.

Toutefois, nous avons souhaité aller au-delà des sensibilités et des intentions naturelles en inscrivant nos engagements dans une démarche structurée, mesurable dans le temps et inclusive. C’est tout le sens de la création de notre label interne “BiophilGood”, né d’un travail collaboratif avec des écologues, des médecins, des directeurs d’établissements et nos directions et experts métiers en interne (immobilier…). C’est tout le Groupe qui s’engage !

Ce label “Nature & Santé” s’applique aussi bien aux établissements en construction ou rénovation qu’aux établissements déjà en fonctionnement, qu’ils soient en pleine nature ou en zone urbaine dense. C’était un point essentiel : permettre à chacun de s’engager à son échelle, quels que soient les espaces disponibles, pour ancrer la nature dans les projets de soin et de vie.

La démarche est concrète : chaque établissement engagé dans le label suit une feuille de route avec des actions opérationnelles autour de trois engagements :

  • Engagement n°1 

    Faciliter les interactions des résidents, patients et collaborateurs avec la nature pour promouvoir la bonne santé et le bien-être

  • Engagement n°2

    Préserver la diversité des écosystèmes naturels

  • Engagement n°3 

    Impliquer les parties prenantes internes et externes dans la préservation de la biodiversité

Pour fédérer tout le monde de manière concrète et motivante, nous avons imaginé un parcours en trois étapes, que nous appelons les « pétales 1, 2 et 3 ». Chaque pétale correspond à un niveau d’engagement et d’actions mises en place dans l’établissement : ateliers, aménagements, projets collectifs… Ce cadre donne envie d’agir, rend les choses plus lisibles, et permet de voir rapidement les effets sur le terrain : davantage de bien-être pour les patients et résidents, autour d’une belle dynamique collective qui se met en place.

Notre cap est ambitieux mais accessible : nous visons 80 % d’établissements au niveau “pétale 2” d’ici fin 2026. Et au bout de ces trois pétales, il y a un aboutissement : un label, que nous avons conçu comme une reconnaissance des engagements concrets et durables pris par les établissements. À terme, nous espérons que ce label s’enrichira, inspirera d’autres acteurs et pourquoi pas devenir un véritable label de place, porté collectivement par le secteur.

C’est une belle énergie qui nous anime, et surtout une conviction : le lien à la nature ne se décrète pas, il s’expérimente, jour après jour, dans chacun de nos lieux de soin.

 

Une conclusion ?

M. B. : « Nature & Santé : au cœur de nos soins, au cœur de la vie. » C’est une conviction profonde. C’est aussi un engagement collectif : offrir à nos patients, résidents, proches et collaborateurs des environnements qui prennent soin du corps… et de l’esprit. Et ainsi contribuer, à notre échelle, à une santé plus humaine et une planète plus vivante.

[1] Twohig-Bennett, C., & Jones, A. (2018). The health benefits of the great outdoors: A systematic review and meta-analysis of greenspace exposure and health outcomesEnvironmental Research, 166, 628–637.

[2] Hunter, M. R., Gillespie, B. W., & Chen, S. Y.-P. (2019). Urban Nature Experiences Reduce Stress in the Context of Daily Life Based on Salivary Biomarkers. Journal of Environmental Psychology, 63, 26–35.

[3] Santé publique France (2024), Préserver la nature pour protéger la santé des populations, Dossier de La Santé en Action, n°467, octobre 2024. Disponible sur : https://www.santepubliquefrance.fr

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Intégrer la biodiversité et la biophilie dans nos activités est un levier puissant pour contribuer au bien-être des résidents, patients et collaborateurs. De nombreuses études scientifiques ont prouvé les bénéfices du contact avec la nature sur le bien-être et le maintien en bonne santé. Face à ces constats, dans le cadre de sa démarche environnementale, le Groupe s’engage en faveur de la biodiversité et de la biophilie. 

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