Soigner le corps et l’esprit par l’assiette
Dans les établissements emeis, l’alimentation fait partie intégrante du parcours de soin. Conçue pour favoriser et accélérer la rééducation, qu’elle soit physique ou mentale, elle s’inscrit dans une approche globale et bienveillante. Rencontre avec Isabelle Piriou, responsable de la nutrition clinique, qui défend une vision thérapeutique et humaine de la nutrition.
Quand la nutrition devient un pilier de la rééducation
La rééducation des patients ne se résume pas aux soins médicaux. Chez emeis, soigner le contenu de chaque assiette fait partie intégrante du parcours thérapeutique : « La nutrition ne peut être dissociée de la rééducation. Elle est un soin à part entière et un vecteur de santé publique, aussi bien physique que mental », affirme Isabelle Piriou.
Cette vision se traduit concrètement dans les cuisines des établissements emeis : les menus sont élaborés selon les recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS) et du GEMRCN[1], puis ajustés aux besoins spécifiques des patients, en concertation avec les diététiciens, les soignants et les chefs.

L’alimentation, première étape vers la guérison
Après un effort physique, une blessure ou une opération, l’organisme entre dans une phase de régénération. Celle-ci repose en grande partie sur une alimentation adaptée. Chez emeis, les protocoles nutritionnels sont pensés pour favoriser :
- La réparation des fibres musculaires, grâce à un apport ciblé en protéines, en association avec des vitamines, des minéraux et des acides gras essentiels.
- La réduction de l’inflammation, via une alimentation riche en antioxydants avec un apport en vitamine C, E, le zinc ou le sélénium.
- La reconstitution des réserves énergétiques, par un bon équilibre entre glucides complexes et lipides de qualité.
Selon le profil du patient, certaines protéines sont particulièrement recommandées :
- Le collagène, très utilisé chez les sportifs ou les patients jeunes en rééducation améliore la souplesse et la solidité des tendons, muscles et ligaments.
Le lactosérum (whey) et la caséine, privilégiés chez les personnes âgées, souvent dénutries, favorise la reconstruction musculaire et prévient les chutes.

Un effet miroir sur la santé mentale
Chez emeis, on accorde une attention particulière au lien entre l’intestin et le cerveau. Cela se traduit concrètement dans l’assiette : les menus contiennent des probiotiques, réputés pour favoriser une digestion sereine et un meilleur équilibre émotionnel.
L’approche nutritionnelle se veut aussi bienveillante et déculpabilisante. « Dans un contexte de fragilité psychique, le plaisir alimentaire joue un rôle important. Autoriser un carré de chocolat, c’est reconnaître ce besoin de réconfort, sans jugement. Ce petit geste peut apaiser, redonner de la motivation et parfois même aider à renouer avec le plaisir de manger, » explique Isabelle Piriou.
Pour soutenir les fonctions cognitives, souvent mises à mal au cours du soin, les équipes veillent aussi à proposer des aliments riches en oméga-3, en vitamines du groupe B et en magnésium, comme les poissons gras, les légumes secs ou les fruits à coque.

Des résultats mesurables, une vision durable
Les effets d’une bonne alimentation sont visibles : perte de poids inédite chez certains patients obèses, amélioration des bilans sanguins chez les personnes dénutries, ou encore cicatrisation accélérée chez les patients en soins post-opératoires. « Dans nos cliniques, l’alimentation est un outil thérapeutique actif ; dans nos maisons de retraite, elle est davantage un moment de plaisir et de de souvenir d’enfance avec des plats traditionnels, » souligne Isabelle Piriou.
Au-delà des repas servis, emeis propose un véritable apprentissage alimentaire. Des ateliers de cuisine thérapeutique, un accompagnement dans les rayons des supermarchés ou encore des conseils sur les étiquettes permettent aux patients de reprendre en main leur alimentation.
L’alimentation ne se limite pas à un levier thérapeutique ponctuel : elle s’inscrit dans une démarche à long terme. L’objectif est d’accompagner les patients bien au-delà du temps de soin, en leur donnant les clés pour maintenir une alimentation équilibrée et adaptée une fois de retour chez eux. Cela passe par l’éducation nutritionnelle, la sensibilisation aux bons gestes, mais aussi par une réflexion plus large sur nos modes de consommation. « L’avenir de la nutrition passe non seulement par l’éducation dès le plus jeune âge, mais aussi par une consommation plus responsable et durable, » explique Isabelle Piriou.

Parole de chef en Haute-Garonne
Au sein de la clinique de Lagardelle-sur-Lèze (31), le chef Jean-Michel Bouchez en est convaincu : « Le repas fait partie de la thérapie, au même titre que les soins. »
Chaque jour, son équipe cuisine sur place à partir de produits frais, avec le souci constant d’allier qualité nutritionnelle et plaisir gustatif. Son engagement porte ses fruits. Le chef se souvient d’une patiente atteinte de cancer, touchée d’avoir enfin retrouvé l’envie de manger après plusieurs établissements décevants : « C’est le premier endroit où je mange bien, » lui a-t-elle confié, après avoir repris du poids et retrouvé le moral.
Pour stimuler l’appétit et favoriser le bien-être, la clinique a aussi mis en place un espace chaleureux baptisé « la place du village ». Nappes, fresques murales, guirlandes lumineuses : tout a été pensé pour créer une atmosphère conviviale. Les assiettes sont soignées, la présentation travaillée, et les repas partagés dans un cadre qui rompt avec l’ambiance hospitalière classique.
Vous l’aurez compris, si manger est vital, bien manger peut tout changer lorsqu’on est en convalescence ou fragilisé. Au quotidien, nos chefs élaborent des recettes adaptées aux besoins, aux régimes… mais aussi aux goûts de nos patients pour des moments de plaisir qui font du bien !

[1] Groupe d’études des marchés de restauration collective et nutrition